dimanche 18 mars 2012

4 et demi à ciel ouvert

(Écrit en Mars 2012)

Je suis au festival de Montréal en lumière !!! Enfin une occasion d'aller m'amuser sans mon chapeau de maman, feseuse de lavage ou ramasseuse de chambre d'éternel bordel d'ado en crise existentielle...

Pour moi la rue Sainte-Catherine c'est les boutiques souvenirs, l......es cafés, les lumières...

Pour certain, c'est leur trottoir, leur prison, leur avenir … Leur 4 et demi à ciel ouvert.

Recroquevillé sur elle-même, la main tendue au passant, elle demande la charité. Ses yeux sont vides d'espoir, ses mains craquelées par le froid, elle quête la générosité des gens.

Assise en indien dans les marches d'un cafés bondés de gens, expresso et allongé à la main, elle quémande un dollars pour réchauffer le sang glacé dans ses veines.

Les gens évitent son regard... Comme des enfants, ils s'imaginent peut-être que s'ils ne regardent pas, elle n'existe pas. Ils le font pour se donner bonne conscience j'imagine. Mais elle, elle les regarde droit dans les yeux.

J'ai vidé mes poches de monnaie, pour 1.75 $ j'ai pu voir ses lèvres gercées me sourire, j'étais gênée.

Je déambule dans les rues de la grande Métropole, mais mes pensées sont encore avec elle.

Je sais que pour avoir ce qu'on a dans la vie, il faut travailler... Vieux dicton qui n'a pas toujours été vrai. Mais pouvons nous honnêtement certifier qu'on a tous eu les mêmes chances ?

Cette femme agenouillée dans la rue, les genoux arrachés par la honte, l'hiver et l'impuissance avait-elle vraiment eue une chance ? Une vraie...

Je ne parle pas d'enfants affamés du tiers monde, je parle de vos voisins, vos amis ... J'ai peut-être été à l'école avec cette femme, mais comment aurais-je pu la reconnaître de toute façon.

Je me considère extrêmement choyée par la vie mais quand je suis confrontée à cette réalité, mon cœur se serre à chaque fois. J'aurais tellement aimé pouvoir la prendre par la main et lui offrir mon aide, mon linge, mon appart, mon chauffage, mon amitié et un tout petit quartier de ma chance.

Je suis repartie le cœur lourd et y aune chose que je ne sais toujours pas…

Est-ce que je vais me rappeler du spectacle grandiose qu'étais Montréal en Lumière ?

Non je ne pense pas. Ce qui va rester gravé à jamais dans ma mémoire, c'est l'absence de lumière dans ses yeux, à elle.

Les enfants nous sont prêtés

(Écrit en Octobre 2009)

Je n’avais même pas 10 ans la première fois que j’ai entendu cette phrase là.
À l’époque, je ne comprenais pas toute la signification de cet énoncé…

Mon cœur de maman s’est cassé un certain jeudi soir…

Quelle est la pire chose qu’il peut arriver à un cœur de maman ?

Apprendre que son enfant a été victime d’agression sexuelle.

Si je pouvais seulement vous décrire le sentiment pesant qui m’habite. C’est un sentiment sans nom. Je ne crois pas qu’il existe de mot pour bien le décrire.

Mon cœur est vide.

Ma tête est pleine.

Mes émotions et mes sentiments se mélangent dans mon esprit et je ne sais plus ou se trouve la porte de sortie. Y a pleins de portes, mais elles sont tous barrées.

La première porte que je frappe, LA CULPABILITÉ.

C’est dur ce qui se retrouve derrière cette porte. Ce drame me rappelle que j’ai voulu mettre ma ‘’carrière’’ en avant plan et que je suis punie pour ma soif d’ambition.

Dans cette pièce, il fait noir, il fait froid. J’entends ma petite voix me parler et qui me questionne.

Pourquoi t’a rien vu ?
T’aurais pu être plus attentive ?
Est-ce que tu t’étais vraiment informé sur cette gardienne ?
N’Y avait-il vraiment pas d’autres alternatives ?

Mes idées sont confuses. Je reste dans cette pièce pendant plusieurs semaines.

Je pense.

Mon quotidien est mis de côté. Je ne vis plus ma vie tout d’un coup. Les journées, les heures, les secondes, c’est rendu relatif.

Je ne vis plus, je fonctionne.

Je déambule dans un couloir tellement étroit qu’il m’empêche de respirer.

La deuxième porte : LA PEUR
J’ai peur de vraiment prendre conscience de l’ampleur des dégâts.

Peur de ne pas être à la hauteur, encore une fois.

Peur du mal qui est là, si présent, si pesant.

Peur de me faire juger.

Peur de ne pas savoir ou est la prochaine porte.

Entre la PEUR et la CULPABILITÉ, mon cœur éclate.

J’essaie tant bien que mal de me sortir de là. Mais à chaque fois je me retrouve dans ce corridor. Je pense que ça vient de là l’expression, être pris entre deux murs…

Ça fait des semaines que je déambule comme un robot dans mon quotidien. J’ai pourtant l’impression que je n’avance pas.

Un nouveau sentiment s’empare de moi : LA COLÈRE

Cette colère si forte qui me ferait déplacer des montagnes.
En même temps qu’on vous dit : Félicitation Madame, c’est un beau garçon, y a des griffes qui vous poussent. Mais vous ne savez jamais à quel point …

Je suis fâchée, enragée.

Je me sens vide parce que quelqu’un est venu prendre une bouchée de mon cœur sans avertissement.

Mais je suis tellement vidée que je suis incapable de crier, de pleurer, de m’effondrer.

Marc-Olivier a besoin d’une maman forte, mais je ne savais pas si je réussirais.
Y a tellement de chemin, tellement de portes.

Comment je vais faire pour ne pas me tromper ?
Elle est cachée où la bonne réponse ?

Je suis épuisée par la pensée.

On dit que le temps arrangera les choses. Je voudrais trouver un magasin qui pourrait me vendre du temps en poche. J’en achèterais, j’en achèterais…

Je manque de tiroir dans ma tête. En fait, j’essaie de classer mais c’est le bordel. Je ne sais pas quel papier va où. Je dois jeter les papiers qui ne m’appartiennent pas.

J’ai mal de ne pas tout savoir.

J’ai peur d’en apprendre d’avantage.

Ça fait 4 ans* que cette histoire est terminée
Terminée, c’est un grand terme sain. Terminée certes, mais jamais oubliée.

Je suis dans le même couloir, mais les murs sont plus larges, je respire mieux.

Pardonner : Verbe, Renoncer à punir. Renoncer à se venger. Avoir une indulgence pour excuser. Accepter sans dépit, sans jalousie. Cesser d’entretenir de la rancune ou de l’hostilité pour ses fautes.

Pardonner ? C’est une des portes que je n’ai pas encore ouverte


·          Au moment d’écrire ces lignes, ça faisait 4 ans, aujourd’hui ça fait 8 ans…

Tempête dans ma tête

(Écrit en Janvier 2010)

J’avais pourtant réussi mon examen de la vue, mais plus les jours avançaient plus ma vue s’embrouillait.

En fait, ce n’est pas ma vue qui faisait défaut, mais bien mon cerveau qui était dans la brume.
Même encore aujourd’hui, je ne peux difficilement mettre des mots sur ces maux.

Les bretelles d’accès de mon cerveau étaient complètement congestionnées. Toutes ces années j’avais accumulées du trafic et là j’aurais grandement eu besoin d’un signaleur pour pouvoir faire circuler toutes ces idées noires là.

C’est comme si tout d’un coup, on était plongé dans un énorme trou noir sans fond. En fait, je dis tout d’un coup, mais avec le recul, je m’aperçois aujourd’hui que je l’avais vu venir, mais je n’avais pas le temps d’y porter attention...

Les moindres tâches du quotidien étaient un fardeau, je n’avais plus d’idée, pas d’initiative, plus de but et le plus grave, j’avais perdu le plus important critère de ma personnalité ; ma joie de vivre.

Moi qui avais toujours des idées pour des partys, des fêtes pour enfant, des attentions pour les élèves de la classe de mon fils, des idées d’activités pour les jeunes de mon camping, je me retrouve incapable de faire un sandwich au baloney parce que je ne sais pas par quel bout commencer…

Plus les jours avançaient plus je me sentais dépourvue, démunie, vide…
Vide de moi, rempli de sentiment que je ne connaissais pas.
Vide de but, rempli de crise d’angoisse.
Après une visite chez mon médecin il fait tomber le diagnostic sur ma tête comme une guillotine :
-Ma belle Catherine, tu fais une dépression, il est temps que tu t’arrêtes un peu.

Ehhhh comment ???

Une dépression … MOI ?!?

Impossible, je suis ben trop forte et surtout tellement parfaite que c’est impossible.
Une wonder women comme moi ne peut pas se permettre de se tromper, ni même de trébucher alors si vous pensez que je vais me laisser abattre par une fausse maladie, vous me connaissez mal !

Finalement, il me donne un billet d’arrêt de travail pour 1 mois.

Dans ce mois, j’ai déboulé comme jamais dans ma vie ; Août 2009, je ne l’oublierai jamais celui-là.

Des matins couchés en boule dans mon lit comme si j’étais sur le point de mourir, si vous saviez combien j’en ai eu. Juste l’idée de me lever et de déjeuner c’était comme me demander de me rendre à Québec à pied.

Je ne prenais plus soin de moi. À voir mes cheveux on aurait pu changer mon nom pour Catherine Bougon !

Aucune envie de rien. Fade, le désintéressement total.

Pour ajouter à ma triste réalité d’échec, le monsieur en blanc avait même pris l’initiative de me donner une prescription.

Écoute ! MOI prendre des pilules parce que je suis folle ! Encore moins.

J’ai regardé la boite de médicament pendant quelques jours sur ma table de chevet et je lui en voulais. Je n’arrivais pas à admettre que mon équilibre mental se cachait dans un comprimé de 20 mg.

Ça ne peut pas arriver à moi, j’ai un secondaire 5, je suis instruite, je suis intelligente.

Catherine 1
Pilule : 0

Après quelques nuits blanches à mélanger toujours les mêmes idées noires, en cachette, Je décide d’ouvrir la boite. Je commence à lire les instructions, les effets secondaires et les bien fait de ce médicament ‘’miracle’’ bon pour ceux qui n’ont pas de gutts.

J’en prends une en m’assurant que personne ne m’a vu !

La seule façon que j’aurais pu lui donner raison, c’est si j’avais vu un changement instantanée, mais 5 minutes plus tard, j’étais encore dépressive et terriblement mal dans ma peau.

Selon le dépliant, et les dires de mon docteur, le médicament peut prendre 3 à 6 semaines avant de faire effet.

Bon, bon, bon… 3 semaines, je peux essayer, mais vous ne le dites à personne, promis ?

Catherine 1
Pilule : 1

Et on s’en va en prolongation…

Le sourire en coin, je prenais soin de prendre le petit comprimé à peine plus petit qu’une aspirine en sachant très bien que c’était ridicule et inutile.

Au bout d’une dizaine de jour, on aurait dit que j’avais retrouvé un peu les tiroirs de mon cerveau. Je pouvais commencer à penser à faire un peu de ménage et à plier mes idées pour bien les rangers.

Tranquillement pas vite, j’ai recommencé à manger, à réfléchir et à me fixer des petits buts comme : finir la brassée que j’ai commencée.

J’étais fière de moi quand je réussissais maintenant à laver mes cheveux au moins 2 fois par semaine.

Mon cheminement était loin d’être fini.

À ma deuxième visite chez mon doc, 1 mois plus tard, il constate que je vais mieux mais que je dois ‘’cheminer’’ encore…

-Catherine, tu dois prendre un autre mois.

1 balle, 2e prise.

Ok, je vais m’y conformer.

Le mois suivant s’avéra un peu moins difficile que le premier. J’avais acquis un peu de confiance en moi, mais j’avais encore de la misère à imposer mes limites. Imposer mes limites aux autres, mais le plus important, à moi –même.

Accepter que telles ou telle tâches était trop grosse pour moi.

Là je parle évidemment de choisir ce qu’on va manger pour demain et prendre soin de dégeler la viande. C’était ça mes petits défis du quotidien.

Pour une fille qui était adjointe de direction avec une nouvelle promotion en vue, c’était toute une débarque.

J’ai commencé ma dépression officiellement depuis le mois de Juillet 2009.

Maintenant rendu en novembre, j’ai recommencé à travailler. Je maitrise mieux mes émotions, je peux détecter les signes avant-coureurs d’une crise d’angoisse.

Je peux, je peux, je peux !

Je ne peux pas faire des grosses semaines, je ne peux pas faire 3 tâches en même temps, je dois me garder 1 soir minimum par semaine pour prendre soin de moi.

J’ai encore du cheminement à faire et j’en aurai toujours à faire.

Mais au moins je sais où je m’en vais et surtout, je sais où je ne veux plus aller et où je ne peux plus aller.

C’est en fusillade que ça s’est décidé.

Catherine 1
Pilule 2

Maintenant, je ne la cache plus, je la transporte avec moi dans ma sacoche et je la prends même devant mon chum !

J’ai appris et j’ai compris qu’elle était ma meilleure amie et non mon pire ennemi.

La dépression c’est une vrai maladie, c’est juste qu’au lieu de faire de la fièvre, c’est notre cerveau qui porte les ecchymoses

Veux-tu être mon Valentin ?

(Écrit en Février 2010)

Cher Valentin,

Crois-moi, je cherche depuis longtemps à réinventer la formule. J’aimerais te dire combien je t’apprécie et à quel point c’est agréable de partager ta vie. Mais je ne trouve pas les mots parfaits ni le moment idéal.
Devrais-je te dire que je t’aime entre deux voyages à l'aréna ou te l’inscrire sur la liste d’épicerie? Devrais-je te dire merci à 6 heures du matin alors qu'on doit se lever pour aller travailler et que je devrai passer les 10 prochaines heures sans entendre ta voix ?

Les seuls moments que nous partageons ensemble c'est quand on est côte à côte à faire les lunchs des enfants, ou quand nous sommes dans la voiture à affronter le trafic du matin sans que ta main ne se pose sur ma cuisse parce que nos responsabilités ont dépassé notre romance
Je tente le tout pour le tout et je t’envoie ce valentin
Car à travers notre vie familiale un peu folle, j’ai envie de me rappeler qui nous étions avant de devenir parents d'une famille reconstituée.
À travers les dix paires de bottes qui traînent dans l’entrée, sous la montagne de lessive qui nous attend, se trouve notre boite « des objets perdus » remplie de merveilleux moments passés à tes côtés que je ne veux surtout pas oublier.
Ça fait combien de temps que tu n'es pas venu me kidnapper à mon travail pour un diner en amoureux qui nous rendait les oreilles rouges et les yeux pleins d'étoiles
S’écrire des lettres d’amour et se sauter dans les bras à la fin de la journée... (Tu sais, quand nous vivions d’amour et d’eau fraîche?) Nous avons pourtant appris à se séduire en écrivant.
Veiller toute la nuit pour écouter en rafale les meilleures séries télévisées (jusqu’à ce que nos yeux en collent et sans crainte des répercussions de notre mauvaise humeur le lendemain…)
S'endormir ensemble...

Éclater de fous rires incontrôlables !
Partir en voiture sans savoir où on va, sans crainte de penser au budget ni à l'essence qu'on dépense. Tu te rappelles du Mont-Tremblant, du parc d'Oka, de Magog...

À partir d'aujourd'hui je ne veux plus laisser les responsabilités et la vie quotidienne venir à bout des sentiments que nous avons un pour l'autre.
Je ne veux plus que Cupidon s'essoufle en arrière de nous pour tenter de nous rattraper...
Je taime Stéphan
Ta Valentine Imparfaite
xxx

Pinotte

(Écrit en Août 2009)

Être parent, c'est un art. 

Avoir Philippe Marleau pour papa, c'est un privilège.

J'ai 9 ans et je me promène à pied avec mon papa sur le boulevard Arthur-Sauvé.  Je vois le méga M jaune qui s'illumine dans la rue.  C'est clair que je suis mûre pour des croquettes de poulet et une orangeade flatte.

Dans sa grandeur d'âme mon papa ne veut pas me dire qu'il n'a pas de sous, donc il me dit :

''Désolé Pinotte, mes bottines ne veulent pas tourner aujourd'hui''.

J'étais la seule enfant que son père avait des bottines à cap d'acier magique. 

Si vous saviez à quel point j'en voulais à ses fameuses bottes.  Agenouiller sur le pas de la porte, j'examinais ses bottes, je les tournais et je les regardais sous toutes leurs coutures et j'étais tellement fascinée.  Mon papa à moi faisait de la magie avec ses souliers.

J'avais beau donner des coups de pieds pour les faire tourner, mais elles étaient intraitables. 

Un jour, elles ont tournées !!!

J'imagine que c'était un jeudi ....  Je n'oublierai jamais le sentiment de consécration que j'éprouvais.

Pinotte & Papa 1 vs Croquettes de poulet 0.

J'ai plusieurs titres dans la vie, mais d'être la Pinotte à papa c'est le titre qui m'a apporté le plus dans ma vie d'enfant et qui m'apporte tellement dans ma vie de femme.

...

C'est la veille de Noël, il fait doux dehors et la terre à mis sa plus belle robe blanche.  J'habite dans un édifice à plusieurs logements.  

Mon père était concierge et on devait faire une tournée des étages quelques fois dans la soirée.  J'aimais tellement ça y aller avec lui.  J'étais son assistante.  En fait, on vidait les cendriers et on ramassait les cochonneries laissées sur le tapis, mais ce n’est pas ça que je voyais moi.  J'étais le bras droit de mon papa.  Mon papa à MOI.

On s'arrête devant une grande fenêtre au 3e étage.

''Regarde Pinotte, on voit le Père-Noël dans le ciel''

'' Je ne le vois pas papa''

Je ne voyais rien...

''Si tu fermes tes yeux, tu vas le voir''

''Mais non papa, quand on ferme les yeux on ne voit pas, il fait noir quand je ferme mes yeux''. 

''Oui, je sais, mais quand on ferme nos yeux et qu'on ouvre notre cœur, on voit tout''.

Je ne sais pas s'il se rappelle de cette phrase là aujourd'hui, mais moi sans même vraiment la comprendre, elle m'a marquée à jamais.

Soudainement, j'ai vu appararaitre dans le ciel, un gros et barbu Père-Noël dans le ciel. 

Il était tellement beau !!!

Il était rouge vif.  Il devait y avoir 342 rênes qui le trainaient.  Il y avait des cadeaux à perte de vue. Je l’entendais crier ho ho ho.....

''Je le vois papa, je le vois !''

On est retourné dans l'appartement, je ne me rappelle même plus ce que j'ai eu comme cadeau ce Noël là...

Mais je me rappellerai toujours que le 25 décembre 1987, MOI j'ai vu le Père-Noël.

...

Je me rappelle qu'à une certaine époque on n'avait ni poêle ni frigidaire.  Ce que je me rappelle encore plus, c'est à quel point mon papa m'aimait.

Je me rappelle qu'à une certaine époque on allait se promener en camion pour trouver des meubles mis aux ordures par le voisinage dans l'espoir que mon papa leur donne un nouveau look pour ensuite les revendre.  Je me rappelle combien on avait du plaisir à faire les vidanges.  Jamais je n'ai eu conscience qu'on était peut-être pauvre. 

Ce que je me rappelle encore plus, c'est à quel point mon papa m'aimait.

Je me rappelle que je me levais à 3h00 le matin pour aller installer notre kiosque au Marché aux Puces et que j'étais tellement fatiguée.

Je me rappelle encore plus sa main sur mon visage pour me réveiller.
''Pinotte, il est 3h00 am, tu es certaine que tu veux venir avec papa''

Je me rappelle qu'à une certaine époque mes parents se sont séparés.
Je me rappelle encore plus que mon père ne m'a jamais oublié.

Je me rappelle que mon père n'a jamais visiter mon école, qu'il ne m'a jamais demandé comment allaient mes amourettes de jeunesse, qu'il ne faisait pas mes devoirs avec moi.

Ce que je me rappelle encore plus, c'est à quel point il travaillait fort pour qu’on ne manque de rien.

Je me rappelle qu'un jour à ma fête, il m'a demandé de lui faire un thé et que ça ne me tentait tellement pas. Je n’avais pas le goût de le servir.

Ce que je me rappelle encore plus, c'est quand je suis allé chercher le lait dans le frigo, j'ai trouvé un Nintendo !

Ce qui fait la personne qu'on est aujourd'hui, ce n’est pas ce qu'on se rappelle, mais bien ce qu'on se rappelle encore plus...

Je t'aime papa

10e étage en sortant à votre gauche

(Écrit en Novembre 2009)

C’est la première fois que je m’arrête pour analyser, comprendre, entendre le mot : Hôtel-Dieu !  Il me semble que les chances de checker-out ne sont pas fortes.

Non mais, c’est tu pas décourageant à votre goût ! Si tu es en phase terminal, ce mot là à l’effet d’une bombe et si tu es là pour des radiographies, disons que ce n’est pas très rassurant.

Tant qu’à y être j’aurais quelques suggestions :

Infection Resort
Le Gastro Inn
Le Cardiolodge



L’attente est interminable. On ne trouve plus de position. Les ambulances arrivent, les bébés pleurent, il y a les mamans inquiètes, les papas impatients et les infirmiers cernés.

Il y a toujours des gens qui au bout de quelques heures d’attentes (dépendant du seuil de tolérance de chacun) qui partent !

Heeee Allo ??? C’est quoi l’idée si tu viens poiroter 5 heures pour ensuite repartir… Restes chez-toi la prochaine fois et appel Info-Santé !

11h09 pm. Tu dors, ton visage est encore crispé. Je suis inquiète, je voudrais prendre le mal à ta place. Y a le monsieur en face qui crie après le personnel, j’ai peur qu’il te réveille. Il souffre le pauvre, il est couvert de plaies de lit, je ne sais pas ça fait combien de temps qu’il est ici… Mais j’ai l’impression que c’est son dernier arrêt avant le terminus.

Le monsieur d’à côté est full fru, je ne suis pas certaine de savoir pourquoi, mais je mets des hommes là-dessus.

Je me promène entre ta chambre et le salon. Dans 2 heures tu auras droit à ta prochaine dose de morphine. Je me tiens réveillé, j’ai peur que tu te réveilles dans la douleur. Je reste près de toi.

12h51 am. J’attends.
Je réalise qu’on attend souvent dans la vie. On attend le bus, on attend notre chèque d’impôts, on attend dans le trafic, on attend le 1er janvier à minuit, on attend à l’épicerie, on attend au cinéma, on attend, on attend…

Y a un panic button près de toi. Tsé le fil beige avec ZE piton rouge dessus.

Je ne peux jamais me résoudre à appuyer dessus. C’est comme faire le 911 pour un chat dans un arbre.

Dire qu’il y en a qui utilise ce bouton plus souvent que Marc-Olivier utilise sa manette de Game Cube. Ces gens là rentrent ici pour des pierres aux reins et ressortent avec une bursite au pouce !

3h06 am. C’est presque qu’une victoire, tu dors encore. Je suis soulagée, mais tellement fatiguée. Je tente de trouver une position confortable sur ma chaise en simili-tapis. Je regarde le décor. Le décor ? Qu’est ce que je dis là. C’est bleu pourde  y une bande de tapisserie beige avec tentative d’imitation de fleur.

4h44 am. J’ai faim. Je vais aller à la cafeteria, mais je me dépêche, je n’aime pas te laisser seule. J’en profite pendant que le frustré à côté de toi dort. Au moins il ne cris plus ??? . Il doit être dans la famille de Rogatien celui-là.

10 étages plus bas, je marche 2.4 km et j’arrive à la cafétéria. Y a du choix ! C’est une mééééga cafétéria. Je me paye la traite. Un gros déjeuner. Ça fait une trentaine d’heures que je suis debout, j’ai besoin d’arrêter au puits 2 minutes.

Une crêpe, un jus d’orange, et une banane.

J’arrive à la caisse et j’essaie de prendre un air décontracté comme si j’avais à me sentir coupable d’avoir le toupette collé dans le visage et les yeux cernés. Le commis me dit : 15.45 $ … Shit ! Une chance que mes cheveux étaient attachés sinon j’aurais laissé tombé ma crinière par terre.

Je suis trop fatigué pour m’obstiner mais l’idée de lui demander s’il offre des plans de financement me traverse l’esprit.

6h15 am. Le soleil se lève tranquillement. Il y a de plus en plus de bruit dans les couloirs. Le personnel de jour arrive. Le trafic s’intensifie de minute en minute.

7h05 am. Tu te réveilles. Tu es contente que je sois là. Mais comme toute bonne maman, tu me dis que j’aurais du aller me coucher, que je devrais me reposer, que je devrais-ci, que je devrais-ça… Aujourd’hui maman, c’est moi qui prends soin de toi.

8h30 am. Je t’aide à déjeuner, j’ouvre tes stores pour te faire voir le soleil un peu. Je vais changer ton lit, tu seras plus confortable. Je vais aussi faire tes bandages. Tu as l’air découragée ce matin.

8h34 : C’est moi qui a rempli les ‘’coupons’’ pour ton déjeuner et je me suis trompée… J’ai coché la petite case ‘’poivre’’ au lieu de ‘’beurre’’.  Donc la gentille infirmière t’apporte 2 toasts secs avec 2 sachets de poivre… Je file vraiment cheap… Mais toi tu ris.  Enfin tu souris.

9h22 am. Tu ris, on fait des blagues. Ton moral semble prendre du mieux. Mais quoi dire de ta mise en pli.

Ouf… ça se passe de commentaire !

Ce n’est pas ta jaquette bleue qui va faire de toi la nouvelle Mannequin d’un jour. Pas plus toi qu’une autre finalement. On dirait que les hôpitaux sont prédisposés à nous mettre le moral dans les talons.

Les repas… Bœuf bourguignon froid dans sa sauce motonneuse bbq servi sur un lit de petit pois sec. Pour dessert, une demi pêche sur cascade de Jello.

9h50 am. L’infirmier (un nouveau.. encore…) vient voir ton état.

-Bonjour ma tite-madame ! Bien dormi ?

Eille là ! Est-ce que vous savez c’est quoi une ti-madame et un ti-monsieur ? Rappelez-vous Fort Boyard, ce n’est pas mieux mais c’est plus approprié.

10h49 am. J’ai le cœur gros, je dois partir. Papa est là pour me remplacer, mais je m’inquiète quand même.

Je déambule dans le long couloir.

J’arrive à l’ascenseur.

10 étages plus bas…

Je quitte en espérant ne plus jamais voir cet ascenseur de ma vie.

Félicitation madame… C’est un beau garçon

(Écrit en Décembre 2009)

Il en est passé des mois, des semaines, des jours, des heures avant d’entendre cette phrase si douce à mes oreilles.  J’ai 21 ans et le test, le fameux test, est positif.  Je suis en couple depuis plusieurs mois et cette nouvelle est plutôt bien accueillie.

Je suis contente, je suis angoissée.  Je vais être mère… WOW ! Tout un titre.  C’est la plus belle promotion que j’ai eue de ma vie.

Le 6 décembre 1999, lundi soir, il est 11h00 pm, je sens une crampe…

Ça y est ! Je vais accoucher !

Si j’avais su que ce n’était pas si rapide, j’aurais calmé mes ardeurs.  Bon, pas une minute à perdre, où est ma valise ?  Où sont mes vêtements ? Où est mon chum ?

Pas de panique, je respire.  J’appelle ma mère.  Comment ça qu’elle dort ? Elle est censée déjà être dans la voiture pour venir à mon secours.

J’arrive à l’hôpital, les infirmières sont calmes comme si j’allais bien !  Mais pourquoi personne ne panique ? J’AI MAL !!! Je veux l’épidurale sur le champ.  Ces commentaires défilent dans ma tête et je suis incapable de parler.  Est-ce que c’est parce que je suis en état de choc ou si je sais pertinemment bien que je ne peux me laisser aller dans ma dérision ?

Premier examen vaginal, premier d’une longue série de 84.  On met les pieds dans les étriers et on prend une position ‘’confortable’’.  On doit laisser tomber les genoux, mais ce n’est pas naturel.  Le médecin doit exercer une toute petite pression pour que nos jambes puissent faire le grand écart.  Ça y est ! Le malaise est installé.  Tout le personnel infirmer semble prendre mon entrejambe pour une autoroute.

Il est 2 heures du matin.  J’entends le médecin dire…

-‘’Ça n’ira pas avant demain… Je vais revenir’’

Catastrophe !

Je ne peux pas croire que ce supplice va se poursuivre encore.  Ma mère semble trouver ça normal et tout le monde aussi d’ailleurs. 

J’ai réussi à dormir un peu, les mains appuyées contre mon ventre à m’imaginer les traits de son visage.  Ma star en coulisse, j’allais enfin le voir en personne bientôt. 

La nuit est passée, on m’offre à déjeuner, je n’ai pas très faim.  J’essaie tant bien que mal de m’armer de patience parce que rien ne laisse présager un accouchement dans les minutes à suivre. 

La douleur est de plus en plus intense.  Je prends des bains, je marche, je respire.  La douleur monte d’un cran à chaque demi-heure.

Je suis fatiguée et je me rappelle d’un sentiment tellement fort : La Peur.

Peur de l’inconnu, peur de la douleur, peur de ne pas connaître la prochaine étape.

Ma nouvelle meilleure amie fait son entrée dans ma chambre : L’anesthésiste.

Elle vient pour l’épidurale.  La piqûre est douloureuse, mais le résultat combien soulageant.

Il est midi, mon médecin vient d’arriver.

Il me dit :

 -‘’ Si tout va bien, tu vas souper avec ton bébé’’

Il semble prendre ça comme une bonne nouvelle, sauf que le calcul se fait dans ma tête et je me dis qu’il reste encore quelques heures.  Tant qu’à moi, j’aurais déjeuné avec, pas souper…

Je dois rester positive pour atteindre le but ultime : Dilater à 10 cm.  C’est 10 le chiffre magique !

Il est 16h01 et j’ai atteint ce but.  Il est temps de pousser.  À ma droite, il y a ma mère qui a l’air d’une boule d’émotion.  Je peux lire la compréhension et la solidarité dans ses yeux.  Mon chum est à mes pieds à côté du médecin et il est concentré comme si c’était le nouveau film de Star Wars qui était à l’affiche.
À ma gauche, se trouve une charmante infirmière.  Elle a 19 ans et son seul défaut c’est qu’elle est stagiaire.  Je pense sincèrement qu’elle s’est trompée de vocation.  Elle me parlait comme si j’étais une poussinette ! Vous vous rappelez d’Alakazoo ?

J’avais l’impression d’être accouchée par Annie Brocoli.

Elle m’a dit qu’elle mettrait de la tite poudre de perlinpinpin pour sécher mes tites lalarmes !

Wooooooooooooooooooo minute là !

Je suis en train d’accoucher, je ne suis pas un enfant qu’on doit divertir !  De ses 5’7’’, son corps de déesse, ses cheveux bouclés blonds, elle me faisait grincer des dents.  Elle dit à mon médecin que je ne pousse pas bien…

C’est elle que je suis à la veille de pousser…

Je pousse, je pousse, je pousse et je pousse encore.  Les minutes avancent et ça l’air que le travail aussi.  Pour être précise, ça fait 19 heures et 45 minutes que je suis à l’hôpital, je commence sérieusement à perdre la boule.

Je regarde ma mère, et je me demande pourquoi tout le monde assiste à ma mort et que personne ne m’aide !

Tout d’un coup, tout s’arrête, le mal disparaît, j’entends des pleurs.

Félicitation Madame Marleau, vous avez un beau garçon en santé. 

À partir de ce moment-là, il n’y avait plus rien qui comptait.  Il était là finalement.  J’étais une maman.  Il est beau, il est tellement beau.

On est mardi le 7 décembre 1999 et il est  16h46.

Je me rappelle de m’être endormie avec mon bébé collé sur mon ventre.  J’ai ressenti un sentiment de bien-être que je n’avais jamais eu avant…

Bienvenue dans le monde Marc-Olivier Jacques.

Maman