vendredi 6 juillet 2012

Cliniquement vôtre !


Junior a mal aux oreilles !

Je ne lui ai pas juste légué ma moustache, je lui aussi fait don de mon système d’ouïe on ne peut plus défectueux.

Il est 17h25, j’ai autant de chances de trouver une clinique ouverte que de m’enfarger dans d’la marde de Pape.

On donne des antidouleurs et Dr. Maman mettra son sarrau d’infirmière pour la nuit, mais pas le même kit que mon chum espère tant ...

On ira à la clinique demain matin.

Après une nuit mouvementée, je brave le boulevard Curé-Labelle en autobus. On contourne  156 cônes oranges, des lumières hors-services, sans compter les déviations de voies.  Bref, ça fait 5 mois qu’ils font des réparations dans mon patelin et avec le trafic que ça cause, je m’attends à rien de moins que du pavé uni en or…

J’arrive à la clinique vers 5h45, une dizaine de personne fait déjà la file, mes nouveaux amis pour les 4 prochaines heures.

On voit par le teint qui vient pour un suivi ou pour une gastro.  Moi je pète le feu ! J’ai pleins de nouvelles connaissances … malades !

Une heure s’écoule. Assise en indien par terre à écouter M’am Chose qui a dont de la misère avec ses rhumatismes j’essaie de compter les lignes dans le stationnement.

Des histoires de migraines, d’ongles incarnés et de caca mou, en voulez-vous ? En v’la !

Yes ! On peut rentrer.

Je me diriges vers le distributeur de temps d’attente et je prends un numéro.

Je me sens comme une athlètes olympique qui doit atteindre le podium parce qu’ils prennent les 20 premières personnes.

Good : #8 !!!

Je m’assoies dans la salle d’attente et j’hésite entre le Magasine Clin d’œil d’avril 1994 ou le Elle Québec de juin 1996 avec ses tendances modes …

Les chaises sont attachées par des ty-rap, les secrétaires assises derrières des vitres de 4 pouces munit d’un mini-trou pour pouvoir parler (qui en passant est jamais à la bonne hauteur). Moi dans mon cas, il est toujours trop haut.  Sur la pointe des pieds, je dois raconter ma vie à tue-tête. Quelle élégance !

À côté de moi, un monsieur d’environ 70 ans est assis et tombe de fatigue.  Je le regarde du coin de l’œil et j’aperçois son carton à numéro dans ses mains.  #6 ! Je ne sais pas s’il dort assez profondément pour que j’échange mon numéro contre le sien...

M’am Chose n’a toujours pas finis avec ses bobos et elle parle de ses hémorroïdes qui l’empêche de dormir parce que ça pique trop.  On dirait que l’envie de prendre la revue qu’elle a dans les mains se pousse de ma tête en courant.

C’est mon cue pour aller fumer.

Le soleil est levé et les ti-moineaux s’époumonent pour me rappeler qu’il est fucking tôt pour marcher de long en large dans un stationnement.

Un quinquagénaire s’approche vers moi :

‘’Est-ce que je peux vous acheter une cigarette s.v.p. ? J’ai oublié les miennes à la maison’’.

La petite voix dans ma tête : Écoute le gros, l’excuse d’oublier ses cigarettes à la maison quand tu sais que tu es partis pendant presque 2 jours à la clinique, je ne la crois pas.  Habites tes testicules un peu et dis à ta femme que tu fumes en cachette !

La petite voix qui sort de ma bouche : Certainement Monsieur, pas besoin de me l’acheter, ça me fait plaisir.

Je me demande dans quel monde on vivrait si on disait systématiquement ce qui nous passe par la tête…

À l’épicerie
Caissière : Est-ce que c’est tout ?
Moi : Non, c’est juste la moitié de ma commande, gardes-moi la en dessous du comptoir le temps que je la finisse.

Au Mcdo
Moi : Je vais prendre 2 trios Macpoulet et 3 joyeux festins.
L’employé du mois : Pour ici ou pour apporter ?
Moi : Pour ici.  Ensuite j’ai l’intention de me faire vomir et de prendre un cheeseburger double…

C’est décidé, il faut vraiment que je continues de réfléchir avant de parler.

Une voix d’ange se fait entendre : ‘’#8, comptoir #2 s.v.p.’’
Bin kin !
Je remets la carte d’assurance maladie de fiston et on me confirme son rendez-vous pour 10h00.  J’ai le temps de retourner à la maison et de revenir avec Junior tantôt.
J’attends à l’arrêt d’autobus, une dame est à côté de moi, mais je ne la vois pas, je suis en train de blackberriser.
Je monte dans l’autobus et je prends le premier banc disponible.
Une vieille dame discute avec le chauffeur :
 ‘’ En tous cas, y avait du monde à clinique à matin.  Je dois y retourner pour 9h30, j’ai tellement de misère avec mes hémorroïdes’’…

mardi 5 juin 2012

Comment expliquer à mon fils

''Maman, c'est n'importe quoi que Guy Turcotte ne soit pas en prison''.
''Je sais mon grand''.
''Mais comment ça se fait qu'il ne va pas en prison ? Il a tué ses enfants''.

Je n’ai  pas de réponse pour lui.
Comment est-ce que je peux expliquer ça à mon fils de 12 ans.  Avant Turcotte, il pensait que la police arrêtait les méchants et protégeait les gentils. 
Qu’est ce que je dois lui dire ? Comment est-ce que je peux le mettre en garde sur des actes qu’il pourrait commettre ?
Marco, fait pas de graffiti sur les murs, la police va t’arrêter …  Mais Guy Turcotte a tué ses enfants de 46 coups de couteaux et il est presque libre.
Marco, ne vole jamais au  dépanneur, tu pourrais aller en prison … Mais Guy Turcotte peut aller faire dodo chez sa maman.
Aujourd’hui je n’ai pas de réponse pour mon fils.  Je n’ai pas de réponse parce que la justice m’a donné un coup de poing dans le ventre et je n’ai pas de souffle pour lui répondre.



jeudi 31 mai 2012

Gang de mongoles !

Il embarque dans le wagon du métro.  Il est grand, ses bras sont trop long, il a l'air perdu. Il a environ 35 ans, mais il a le regard d'un gamin de 12 ans.

Il est vêtu en bleu, tout en bleu.  On dirait Creton dans la P'tite Vie.

Sacoche agrippé à sa taille, le seul coffre à outil que la vie lui a donné.  À part son sourire lumineux, c'est tout ce qu'il traîne avec lui.

Ses lacets son minutieusement attachés. Il fait et refait ses boucles... en boucle. Il ouvre sa sacoche, il ferme sa sacoche ...  Il regarde l'heure à toutes les minutes.

Son nez coule, pas grave, il renifle et quand c'est le déluge, sa manche de manteau est là pour l’aider.

C'est paradoxal, parce qu'il a l'air tellement insécure et solide à la fois. Je l'examine de la tête au pied et mon regard se pose sur son manteau.

Sur son survêtement sali de crème glacée, paraît la plus belle broderie qui soit :

‘’Les Jeux Olympiques Spéciaux 2012’’
‘’Martin - Équipe du Québec’’

Dring !!!  Mon utérus m'appelle !

J'avais envie de m'approcher et de lui demander ;

- Est-ce que quelqu'un va venir te chercher ?
- Es-tu certain que tu dois débarquer à Henri-Bourassa ?
- As-tu des sous s'il t'arrive un imprévu ?

Je me suis surprise à trouver qu'il faisait pitié.  Franchement à ses yeux, c'est nous qui en arrache !

Pour essayer de le comprendre, j'ai fermé les yeux et j'ai tenté de me projeter dans son univers, dans sa tête, dans son corps et d'essayer de marcher 1 mètre dans ses souliers le temps d'une pensée ...

L'Univers selon Martin, Équipe Québec

‘’On m'a dit d'utiliser des mouchoirs quand mon nez coule, moi je trouve que ça va mieux avec mon doigt. Je trouve que les gens dépensent des sous pour rien avec des Kleenex’’.

‘’Hier j’étais dans l’autobus et ma chanson préférée jouait à la radio.  Je chantais vraiment fort.  Les passagers me regardaient, certains riaient.  Je pense que c’est parce qu’ils m’ont trouvé bon.  C’est plate, les personnes chantent  jamais dans les autobus’’.

‘’Le monde est bizarre, ils ont des cellulaires, mais s’en servent jamais pour appeler.  Après ça ils disent que c’est moi qui n’est pas normal’’.

‘’Je ne comprends pas les personnes qui se fâchent, moi j’ai toujours le sourire parce que la vie est belle. Mon sourire fait parti des caractéristiques physique des gens comme moi’’

Prochaine station Henri-Bourassa :

Je suis de retour dans ma réalité, dans mon monde.

Martin se lève, attache ses souliers, regarde l’heure, ferme sa sacoche et prends le large.

C’était plus fort que moi, mon utérus avait assez sonné et j'ai décidé de répondre je me suis levé.  Je l’ai suivi dans l’allée bondée de monde.

Pour ne pas lui faire peur, j’ai marché à ses côtés et je lui ai fais un sourire comme je n’ai jamais fait à personne.

Si j’avais un sourire à faire comme celui-là dans ma vie, c’est à Martin que je devais le faire.

‘’Excuse moi, Martin’’
‘’Oui m’dame’’
‘’Je suis fière que tu représentes ma province aux Jeux Olympiques, Bonne Chance !’’
‘’’Merci m’dame !’’

Brad Pitt pouvais aller se rhabiller, parce qu’aujourd’hui le plus beau c’était Martin.

Je le regardais partir et je continuais à réfléchir.

Étrangement, il souffre d’une malformation, mais ne souffre pas de sa condition.  C’est nous qui sommes mal à l’aise devant eux.

Je me suis assise sur un banc et j’ai commencé à vous écrire cette histoire.  Même si j’avais manqué le métro, le temps était rendu relatif.  Je n’avais plus de rendez-vous à l’agenda et ma principale préoccupation c’était Martin.

Et si c’était nous qui n’étais pas normal ? 

Et si c’était nous la gang de Mongoles ?





samedi 19 mai 2012

J'irai marcher pour toi !

Mon fils,

Le 7 février 2001, tu as rempli mon cœur de fierté, tu as fais tes premiers pas.

Les jambes molles, tu voyais maintenant le monde de haut.  Sans que tu le sache, tu venais de franchir une grande étape de ta vie …  Bravo, tu marches !!!!!

Pour qu’à ton tour, tu sois fière de moi, j’irai marcher pour toi.

J’irai me joindre à des milliers de personnes pour contester la société que M. Charest est en train de façonner pour toi.

J’irai marcher parce que je fais parti de cette maudite classe moyenne.

Je crierai haut et fort pour que tu ne te contente jamais de la moitié de ce que tu as droit.

Tu sais mon grand, l’avenir me fait peur.  J’irai combattre ma peur pour que toi tu puisses vivre en toute quiétude.

J’irai marcher parce que je n’ai pas les moyens de te payer l’université et que tu mérites une éducation à la hauteur de ton potentiel.

J’irai marcher et je te promets que je me battrai pour que tu puisses réaliser ton rêve de devenir travailleur de rue.

On entend partout : Allez ! Marchez ! Faites votre devoir de citoyen ! ‘’
Moi je dis ‘’Allez ! Marcher ! Faites votre devoir de maman ! ‘’


Je dirai à toutes les mamans que d’être une mère c’est plus que donner la vie …

Être une maman, c’est de m’assurer que tu as des fruits dans ton lunch.

Être une maman, c’est de diminuer ton anxiété face à l’examen du ministère de demain.

Être une maman, c’est utiliser mes économies pour t’acheter ton chandail préféré, même si je dois payer mon loyer avec quelques jours de retard parce que j’ai un budget limité.

Je vais user mes semelles pour que tu n’aies jamais à choisir entre ta carrière et tes responsabilités financières.

Dors bien Marc-Olivier, fais des beaux rêves, maman est là …

J’irai marcher pour toi.

dimanche 13 mai 2012

Parce que ma mère

Parce que ma mère m’a bercé quand j’avais mal aux dents
Aujourd’hui je suis capable de d’aimer mon fils

Parce que ma mère m’a toujours respecté
Aujourd’hui je suis capable d’écouter mon fils

Parce que ma mère m’a toujours épaulé
Aujourd’hui je suis capable d’aider

Parce que ma mère m’a entouré d’amour
Aujourd’hui je suis capable de tendresse

Parce que ma mère m’a toujours laissé une deuxième chance
Aujourd’hui je suis capable de compréhension

Parce que ma mère m’a beurré au mercurochrome
Aujourd’hui j’utilise du Polysporin parce que c’était inhumain !

Parce que ma mère a toujours cru en moi
Aujourd’hui je suis capable d’avoir confiance en Junior

Parce que ma mère savait quand je grimaçais dans son dos
Aujourd’hui je sais quand on me fait le coup !

Parce que ma mère est la meilleure jongleuse de responsabilité
Aujourd’hui, j’échappe des œufs, mais je me reprends vite !

Parce que ma mère m’a toujours comprise
Aujourd’hui j’essaie de comprendre l’incompréhensible

Parce que ma mère était une encyclopédie de bons conseils
Aujourd’hui je suis un petit Larousse en devenir

Parce que ma mère m’a toujours encouragé
Aujourd’hui, j’empêche mon fils d’abandonner

Parce que ma mère a été le sirop contre ma toux
Aujourd’hui je suis le manteau contre le froid

Parce que ma mère s’est usé le cœur à m’aimer
Aujourd’hui je prends soin d’un cœur tout neuf

Si un jour je suis capable d’être une parcelle de la maman que tu as été pour moi, mon fils sera comblé.

Merci de m’avoir donné un coffre d’outils rempli d’amour, de compassion, de tendresse, de répartie et de pardon pour que je puisse à mon tour bâtir celui de Marc-Olivier.

Merci maman.

jeudi 3 mai 2012

À coeur battant


Selon le petit Robert :
Cœur : Nom masculin.  Organe musculaire creux, situé dans la poitrine, qui permet la circulation sanguine.

Le tapis de ma vie glisse sous mes pieds.  Sans que personne ne me prévienne, je perds pied et je tombe dans un trou.  Je descends à une vitesse folle.


S’agripper : Verbe pronominal signifiant s’accrocher fermement, avec force. Se cramponner, se retenir …


Celui qui avait toujours été le crampon de mes chutes, tout-à-coup ne pouvait plus se tenir debout. 

Mon père a fait une crise de cœur. 

Comme un vieux soulier de golf usé, mon père venait de glisser.


Peur : Nom féminin. Sentiment de forte inquiétude, d’alarme, en présence ou à la pensée d’un danger, d’une menace.


J’étais menacée.  La vie jouait à la roulette russe avec le cœur de mon papa. 

Il est couché dans un lit d’hôpital, moi je suis debout à ses côtés et je tiens sa main. Semi-conscient, il ouvre les yeux de temps à autre.  La peur garde les miens fermés.


Peine : Nom féminin. Ce qui affecte péniblement l’esprit et le cœur.


J’ai de la peine.  Je ne comprends pas pourquoi la vie avait choisi un grand cœur de lion comme le sien.  J’ai tellement peur.  Je ne me sens pas encore assez grande pour le laisser aller cogner à la vieille porte d’une gourmande éternité.

Je pense à mon fils.  Je pense au grand-papa que tu es pour lui.  Le plus grand Pépé que la terre a eu le privilège de porter.

C’est l’heure de l’opération.  Je ne veux pas te laisser partir.  Tu as peur.  Pour la première fois depuis que je suis toute petite, je vois la terreur dans tes yeux.

''Papa, je te jure que dans quelques mois, on sera à l’aréna et on criera : Let’s go Marco !''

Le personnel médical est en place.  Chacun se présente à nous et explique son rôle durant l’opération.

Un docteur me dit : ''Moi je suis responsable d’arrêter et de repartir le cœur de votre père …''


Confiance : Nom féminin.  Sentiment de sécurité de celui qui se fie à quelqu’un.


''Ne vous inquiétez pas, des opérations comme celle-ci, nous en pratiquons plus de 500 par année.''

La seule chose c’est que moi, j’ai juste un papa.

''L’opération devrait durer entre 4 et 5 heures, vous devriez vous reposer un peu.''


Attente : Nom féminin. Action d’attendre.  Temps pendant lequel on attend.  Espérant ou souhait.

Supplice : Nom masculin.  Torture. Ce qui est pénible à supporter.


Les secondes ne passent pas.  Je marche dans les corridors.  Je sors dehors, il fait noir.  Je fume, je pleure, je pense, j’ai encore peur.

Je ne réalise pas encore tout ce qui arrive.


État de choc : Expression. État qui découle d’une action soudaine, brusque sans prévenir.


Avant-hier, j’étais avec lui.  On rebâtissait notre club d’hockey.

''Canadiens devraient échanger Carey''
''Moi je pense que c’est Halak qui va partir''

Mais mon père ne s’est pas présenter à la partie ce soir.  Pour la première fois de ma vie, il n’était pas devant son but.

La vie l’a amené en tir de barrage.

Je suis de retour dans le salon des tortures et j’attends.  J’attends encore.

Quelques dizaine de milliers de secondes plus tard, un chirurgien entre et désire nous rencontrer.

''Tout est beau ! Tout s’est déroulé parfaitement et son cœur à tenu le coup.''


Tenir le coup : Expression. Supporter, résister, ne pas lâcher, jamais abandonner.

Soulagement : Nom masculin.  Diminution d’une charge, d’une douleur physique ou morale.


Il s’est passé 4 ans depuis cette nuit ou on a failli mourir toi et moi. 

Je ne sais pas pourquoi la vie a décidé de remettre son tapis sous nos pieds.  Mais il y a une chose dont je suis certaine par exemple … même si tout le monde le cri à tord et à travers, le plus fort, c’est vraiment toi papa.


Selon le grand Philippe :
Cœur : Nom masculin.  Organe musculaire creux, situé dans la poitrine qui permet la circulation sanguine. Organe doté d’une force plus grande que nature qui permet aux petites filles comme moi d’être encore plus fières de leur papa.

dimanche 29 avril 2012

À l'affiche dans mon ciméma !

Elle est arrivée dans ma vie, elle était toute faite, elle avait 12 ans.
Elle ne me ressemble pas, elle n’a pas mes yeux.
Elle a un langage et des expressions qui ne sont pas miennes.
Elle est le portrait tout craché de l’homme que j’aime.
Si je ferme les yeux, je la vois futur épouse vêtue de blanc. Mais c’est avec sa maman à elle qu’elle descendra l’allée.
Être une belle-maman c’est d’admettre d’être l’actrice de soutien au lieu de la productrice.
Être une belle-maman c’est d’être la salle de cinéma qui  l’accueil et qui l’écoute lorsqu’elle a le cœur gros.
Être une belle-maman c’est d’être responsable du doublage quand ça va moins bien entre elle et son papa.
Être une belle-maman c’est d’être en charge du son de son quotidien, et du décor de sa nouvelle chambre.
Être une belle-maman c’est d’accepter d’être technicienne aux devoirs sans jamais devenir son professeur.
Être une belle-maman c’est de convenir d’être le 3e assistant technique et regarder les 2 scénaristes faire leur travail.
Être une belle-maman c’est de mettre des pauses publicitaires quand le film de sa vie d’adolescente est moins joyeux.
Être une belle-maman c’est d’épauler de son mieux le réalisateur en chef.
Être une belle-maman c’est celle qui chausse les souliers du conseiller technique sans jamais pouvoir porter les bottines du metteur en scène.
Moi je suis la belle-maman de Marie-Claude, je la regarde tous les jours sur le grand écran du film de ma vie.

dimanche 18 mars 2012

4 et demi à ciel ouvert

(Écrit en Mars 2012)

Je suis au festival de Montréal en lumière !!! Enfin une occasion d'aller m'amuser sans mon chapeau de maman, feseuse de lavage ou ramasseuse de chambre d'éternel bordel d'ado en crise existentielle...

Pour moi la rue Sainte-Catherine c'est les boutiques souvenirs, l......es cafés, les lumières...

Pour certain, c'est leur trottoir, leur prison, leur avenir … Leur 4 et demi à ciel ouvert.

Recroquevillé sur elle-même, la main tendue au passant, elle demande la charité. Ses yeux sont vides d'espoir, ses mains craquelées par le froid, elle quête la générosité des gens.

Assise en indien dans les marches d'un cafés bondés de gens, expresso et allongé à la main, elle quémande un dollars pour réchauffer le sang glacé dans ses veines.

Les gens évitent son regard... Comme des enfants, ils s'imaginent peut-être que s'ils ne regardent pas, elle n'existe pas. Ils le font pour se donner bonne conscience j'imagine. Mais elle, elle les regarde droit dans les yeux.

J'ai vidé mes poches de monnaie, pour 1.75 $ j'ai pu voir ses lèvres gercées me sourire, j'étais gênée.

Je déambule dans les rues de la grande Métropole, mais mes pensées sont encore avec elle.

Je sais que pour avoir ce qu'on a dans la vie, il faut travailler... Vieux dicton qui n'a pas toujours été vrai. Mais pouvons nous honnêtement certifier qu'on a tous eu les mêmes chances ?

Cette femme agenouillée dans la rue, les genoux arrachés par la honte, l'hiver et l'impuissance avait-elle vraiment eue une chance ? Une vraie...

Je ne parle pas d'enfants affamés du tiers monde, je parle de vos voisins, vos amis ... J'ai peut-être été à l'école avec cette femme, mais comment aurais-je pu la reconnaître de toute façon.

Je me considère extrêmement choyée par la vie mais quand je suis confrontée à cette réalité, mon cœur se serre à chaque fois. J'aurais tellement aimé pouvoir la prendre par la main et lui offrir mon aide, mon linge, mon appart, mon chauffage, mon amitié et un tout petit quartier de ma chance.

Je suis repartie le cœur lourd et y aune chose que je ne sais toujours pas…

Est-ce que je vais me rappeler du spectacle grandiose qu'étais Montréal en Lumière ?

Non je ne pense pas. Ce qui va rester gravé à jamais dans ma mémoire, c'est l'absence de lumière dans ses yeux, à elle.

Les enfants nous sont prêtés

(Écrit en Octobre 2009)

Je n’avais même pas 10 ans la première fois que j’ai entendu cette phrase là.
À l’époque, je ne comprenais pas toute la signification de cet énoncé…

Mon cœur de maman s’est cassé un certain jeudi soir…

Quelle est la pire chose qu’il peut arriver à un cœur de maman ?

Apprendre que son enfant a été victime d’agression sexuelle.

Si je pouvais seulement vous décrire le sentiment pesant qui m’habite. C’est un sentiment sans nom. Je ne crois pas qu’il existe de mot pour bien le décrire.

Mon cœur est vide.

Ma tête est pleine.

Mes émotions et mes sentiments se mélangent dans mon esprit et je ne sais plus ou se trouve la porte de sortie. Y a pleins de portes, mais elles sont tous barrées.

La première porte que je frappe, LA CULPABILITÉ.

C’est dur ce qui se retrouve derrière cette porte. Ce drame me rappelle que j’ai voulu mettre ma ‘’carrière’’ en avant plan et que je suis punie pour ma soif d’ambition.

Dans cette pièce, il fait noir, il fait froid. J’entends ma petite voix me parler et qui me questionne.

Pourquoi t’a rien vu ?
T’aurais pu être plus attentive ?
Est-ce que tu t’étais vraiment informé sur cette gardienne ?
N’Y avait-il vraiment pas d’autres alternatives ?

Mes idées sont confuses. Je reste dans cette pièce pendant plusieurs semaines.

Je pense.

Mon quotidien est mis de côté. Je ne vis plus ma vie tout d’un coup. Les journées, les heures, les secondes, c’est rendu relatif.

Je ne vis plus, je fonctionne.

Je déambule dans un couloir tellement étroit qu’il m’empêche de respirer.

La deuxième porte : LA PEUR
J’ai peur de vraiment prendre conscience de l’ampleur des dégâts.

Peur de ne pas être à la hauteur, encore une fois.

Peur du mal qui est là, si présent, si pesant.

Peur de me faire juger.

Peur de ne pas savoir ou est la prochaine porte.

Entre la PEUR et la CULPABILITÉ, mon cœur éclate.

J’essaie tant bien que mal de me sortir de là. Mais à chaque fois je me retrouve dans ce corridor. Je pense que ça vient de là l’expression, être pris entre deux murs…

Ça fait des semaines que je déambule comme un robot dans mon quotidien. J’ai pourtant l’impression que je n’avance pas.

Un nouveau sentiment s’empare de moi : LA COLÈRE

Cette colère si forte qui me ferait déplacer des montagnes.
En même temps qu’on vous dit : Félicitation Madame, c’est un beau garçon, y a des griffes qui vous poussent. Mais vous ne savez jamais à quel point …

Je suis fâchée, enragée.

Je me sens vide parce que quelqu’un est venu prendre une bouchée de mon cœur sans avertissement.

Mais je suis tellement vidée que je suis incapable de crier, de pleurer, de m’effondrer.

Marc-Olivier a besoin d’une maman forte, mais je ne savais pas si je réussirais.
Y a tellement de chemin, tellement de portes.

Comment je vais faire pour ne pas me tromper ?
Elle est cachée où la bonne réponse ?

Je suis épuisée par la pensée.

On dit que le temps arrangera les choses. Je voudrais trouver un magasin qui pourrait me vendre du temps en poche. J’en achèterais, j’en achèterais…

Je manque de tiroir dans ma tête. En fait, j’essaie de classer mais c’est le bordel. Je ne sais pas quel papier va où. Je dois jeter les papiers qui ne m’appartiennent pas.

J’ai mal de ne pas tout savoir.

J’ai peur d’en apprendre d’avantage.

Ça fait 4 ans* que cette histoire est terminée
Terminée, c’est un grand terme sain. Terminée certes, mais jamais oubliée.

Je suis dans le même couloir, mais les murs sont plus larges, je respire mieux.

Pardonner : Verbe, Renoncer à punir. Renoncer à se venger. Avoir une indulgence pour excuser. Accepter sans dépit, sans jalousie. Cesser d’entretenir de la rancune ou de l’hostilité pour ses fautes.

Pardonner ? C’est une des portes que je n’ai pas encore ouverte


·          Au moment d’écrire ces lignes, ça faisait 4 ans, aujourd’hui ça fait 8 ans…

Tempête dans ma tête

(Écrit en Janvier 2010)

J’avais pourtant réussi mon examen de la vue, mais plus les jours avançaient plus ma vue s’embrouillait.

En fait, ce n’est pas ma vue qui faisait défaut, mais bien mon cerveau qui était dans la brume.
Même encore aujourd’hui, je ne peux difficilement mettre des mots sur ces maux.

Les bretelles d’accès de mon cerveau étaient complètement congestionnées. Toutes ces années j’avais accumulées du trafic et là j’aurais grandement eu besoin d’un signaleur pour pouvoir faire circuler toutes ces idées noires là.

C’est comme si tout d’un coup, on était plongé dans un énorme trou noir sans fond. En fait, je dis tout d’un coup, mais avec le recul, je m’aperçois aujourd’hui que je l’avais vu venir, mais je n’avais pas le temps d’y porter attention...

Les moindres tâches du quotidien étaient un fardeau, je n’avais plus d’idée, pas d’initiative, plus de but et le plus grave, j’avais perdu le plus important critère de ma personnalité ; ma joie de vivre.

Moi qui avais toujours des idées pour des partys, des fêtes pour enfant, des attentions pour les élèves de la classe de mon fils, des idées d’activités pour les jeunes de mon camping, je me retrouve incapable de faire un sandwich au baloney parce que je ne sais pas par quel bout commencer…

Plus les jours avançaient plus je me sentais dépourvue, démunie, vide…
Vide de moi, rempli de sentiment que je ne connaissais pas.
Vide de but, rempli de crise d’angoisse.
Après une visite chez mon médecin il fait tomber le diagnostic sur ma tête comme une guillotine :
-Ma belle Catherine, tu fais une dépression, il est temps que tu t’arrêtes un peu.

Ehhhh comment ???

Une dépression … MOI ?!?

Impossible, je suis ben trop forte et surtout tellement parfaite que c’est impossible.
Une wonder women comme moi ne peut pas se permettre de se tromper, ni même de trébucher alors si vous pensez que je vais me laisser abattre par une fausse maladie, vous me connaissez mal !

Finalement, il me donne un billet d’arrêt de travail pour 1 mois.

Dans ce mois, j’ai déboulé comme jamais dans ma vie ; Août 2009, je ne l’oublierai jamais celui-là.

Des matins couchés en boule dans mon lit comme si j’étais sur le point de mourir, si vous saviez combien j’en ai eu. Juste l’idée de me lever et de déjeuner c’était comme me demander de me rendre à Québec à pied.

Je ne prenais plus soin de moi. À voir mes cheveux on aurait pu changer mon nom pour Catherine Bougon !

Aucune envie de rien. Fade, le désintéressement total.

Pour ajouter à ma triste réalité d’échec, le monsieur en blanc avait même pris l’initiative de me donner une prescription.

Écoute ! MOI prendre des pilules parce que je suis folle ! Encore moins.

J’ai regardé la boite de médicament pendant quelques jours sur ma table de chevet et je lui en voulais. Je n’arrivais pas à admettre que mon équilibre mental se cachait dans un comprimé de 20 mg.

Ça ne peut pas arriver à moi, j’ai un secondaire 5, je suis instruite, je suis intelligente.

Catherine 1
Pilule : 0

Après quelques nuits blanches à mélanger toujours les mêmes idées noires, en cachette, Je décide d’ouvrir la boite. Je commence à lire les instructions, les effets secondaires et les bien fait de ce médicament ‘’miracle’’ bon pour ceux qui n’ont pas de gutts.

J’en prends une en m’assurant que personne ne m’a vu !

La seule façon que j’aurais pu lui donner raison, c’est si j’avais vu un changement instantanée, mais 5 minutes plus tard, j’étais encore dépressive et terriblement mal dans ma peau.

Selon le dépliant, et les dires de mon docteur, le médicament peut prendre 3 à 6 semaines avant de faire effet.

Bon, bon, bon… 3 semaines, je peux essayer, mais vous ne le dites à personne, promis ?

Catherine 1
Pilule : 1

Et on s’en va en prolongation…

Le sourire en coin, je prenais soin de prendre le petit comprimé à peine plus petit qu’une aspirine en sachant très bien que c’était ridicule et inutile.

Au bout d’une dizaine de jour, on aurait dit que j’avais retrouvé un peu les tiroirs de mon cerveau. Je pouvais commencer à penser à faire un peu de ménage et à plier mes idées pour bien les rangers.

Tranquillement pas vite, j’ai recommencé à manger, à réfléchir et à me fixer des petits buts comme : finir la brassée que j’ai commencée.

J’étais fière de moi quand je réussissais maintenant à laver mes cheveux au moins 2 fois par semaine.

Mon cheminement était loin d’être fini.

À ma deuxième visite chez mon doc, 1 mois plus tard, il constate que je vais mieux mais que je dois ‘’cheminer’’ encore…

-Catherine, tu dois prendre un autre mois.

1 balle, 2e prise.

Ok, je vais m’y conformer.

Le mois suivant s’avéra un peu moins difficile que le premier. J’avais acquis un peu de confiance en moi, mais j’avais encore de la misère à imposer mes limites. Imposer mes limites aux autres, mais le plus important, à moi –même.

Accepter que telles ou telle tâches était trop grosse pour moi.

Là je parle évidemment de choisir ce qu’on va manger pour demain et prendre soin de dégeler la viande. C’était ça mes petits défis du quotidien.

Pour une fille qui était adjointe de direction avec une nouvelle promotion en vue, c’était toute une débarque.

J’ai commencé ma dépression officiellement depuis le mois de Juillet 2009.

Maintenant rendu en novembre, j’ai recommencé à travailler. Je maitrise mieux mes émotions, je peux détecter les signes avant-coureurs d’une crise d’angoisse.

Je peux, je peux, je peux !

Je ne peux pas faire des grosses semaines, je ne peux pas faire 3 tâches en même temps, je dois me garder 1 soir minimum par semaine pour prendre soin de moi.

J’ai encore du cheminement à faire et j’en aurai toujours à faire.

Mais au moins je sais où je m’en vais et surtout, je sais où je ne veux plus aller et où je ne peux plus aller.

C’est en fusillade que ça s’est décidé.

Catherine 1
Pilule 2

Maintenant, je ne la cache plus, je la transporte avec moi dans ma sacoche et je la prends même devant mon chum !

J’ai appris et j’ai compris qu’elle était ma meilleure amie et non mon pire ennemi.

La dépression c’est une vrai maladie, c’est juste qu’au lieu de faire de la fièvre, c’est notre cerveau qui porte les ecchymoses

Veux-tu être mon Valentin ?

(Écrit en Février 2010)

Cher Valentin,

Crois-moi, je cherche depuis longtemps à réinventer la formule. J’aimerais te dire combien je t’apprécie et à quel point c’est agréable de partager ta vie. Mais je ne trouve pas les mots parfaits ni le moment idéal.
Devrais-je te dire que je t’aime entre deux voyages à l'aréna ou te l’inscrire sur la liste d’épicerie? Devrais-je te dire merci à 6 heures du matin alors qu'on doit se lever pour aller travailler et que je devrai passer les 10 prochaines heures sans entendre ta voix ?

Les seuls moments que nous partageons ensemble c'est quand on est côte à côte à faire les lunchs des enfants, ou quand nous sommes dans la voiture à affronter le trafic du matin sans que ta main ne se pose sur ma cuisse parce que nos responsabilités ont dépassé notre romance
Je tente le tout pour le tout et je t’envoie ce valentin
Car à travers notre vie familiale un peu folle, j’ai envie de me rappeler qui nous étions avant de devenir parents d'une famille reconstituée.
À travers les dix paires de bottes qui traînent dans l’entrée, sous la montagne de lessive qui nous attend, se trouve notre boite « des objets perdus » remplie de merveilleux moments passés à tes côtés que je ne veux surtout pas oublier.
Ça fait combien de temps que tu n'es pas venu me kidnapper à mon travail pour un diner en amoureux qui nous rendait les oreilles rouges et les yeux pleins d'étoiles
S’écrire des lettres d’amour et se sauter dans les bras à la fin de la journée... (Tu sais, quand nous vivions d’amour et d’eau fraîche?) Nous avons pourtant appris à se séduire en écrivant.
Veiller toute la nuit pour écouter en rafale les meilleures séries télévisées (jusqu’à ce que nos yeux en collent et sans crainte des répercussions de notre mauvaise humeur le lendemain…)
S'endormir ensemble...

Éclater de fous rires incontrôlables !
Partir en voiture sans savoir où on va, sans crainte de penser au budget ni à l'essence qu'on dépense. Tu te rappelles du Mont-Tremblant, du parc d'Oka, de Magog...

À partir d'aujourd'hui je ne veux plus laisser les responsabilités et la vie quotidienne venir à bout des sentiments que nous avons un pour l'autre.
Je ne veux plus que Cupidon s'essoufle en arrière de nous pour tenter de nous rattraper...
Je taime Stéphan
Ta Valentine Imparfaite
xxx

Pinotte

(Écrit en Août 2009)

Être parent, c'est un art. 

Avoir Philippe Marleau pour papa, c'est un privilège.

J'ai 9 ans et je me promène à pied avec mon papa sur le boulevard Arthur-Sauvé.  Je vois le méga M jaune qui s'illumine dans la rue.  C'est clair que je suis mûre pour des croquettes de poulet et une orangeade flatte.

Dans sa grandeur d'âme mon papa ne veut pas me dire qu'il n'a pas de sous, donc il me dit :

''Désolé Pinotte, mes bottines ne veulent pas tourner aujourd'hui''.

J'étais la seule enfant que son père avait des bottines à cap d'acier magique. 

Si vous saviez à quel point j'en voulais à ses fameuses bottes.  Agenouiller sur le pas de la porte, j'examinais ses bottes, je les tournais et je les regardais sous toutes leurs coutures et j'étais tellement fascinée.  Mon papa à moi faisait de la magie avec ses souliers.

J'avais beau donner des coups de pieds pour les faire tourner, mais elles étaient intraitables. 

Un jour, elles ont tournées !!!

J'imagine que c'était un jeudi ....  Je n'oublierai jamais le sentiment de consécration que j'éprouvais.

Pinotte & Papa 1 vs Croquettes de poulet 0.

J'ai plusieurs titres dans la vie, mais d'être la Pinotte à papa c'est le titre qui m'a apporté le plus dans ma vie d'enfant et qui m'apporte tellement dans ma vie de femme.

...

C'est la veille de Noël, il fait doux dehors et la terre à mis sa plus belle robe blanche.  J'habite dans un édifice à plusieurs logements.  

Mon père était concierge et on devait faire une tournée des étages quelques fois dans la soirée.  J'aimais tellement ça y aller avec lui.  J'étais son assistante.  En fait, on vidait les cendriers et on ramassait les cochonneries laissées sur le tapis, mais ce n’est pas ça que je voyais moi.  J'étais le bras droit de mon papa.  Mon papa à MOI.

On s'arrête devant une grande fenêtre au 3e étage.

''Regarde Pinotte, on voit le Père-Noël dans le ciel''

'' Je ne le vois pas papa''

Je ne voyais rien...

''Si tu fermes tes yeux, tu vas le voir''

''Mais non papa, quand on ferme les yeux on ne voit pas, il fait noir quand je ferme mes yeux''. 

''Oui, je sais, mais quand on ferme nos yeux et qu'on ouvre notre cœur, on voit tout''.

Je ne sais pas s'il se rappelle de cette phrase là aujourd'hui, mais moi sans même vraiment la comprendre, elle m'a marquée à jamais.

Soudainement, j'ai vu appararaitre dans le ciel, un gros et barbu Père-Noël dans le ciel. 

Il était tellement beau !!!

Il était rouge vif.  Il devait y avoir 342 rênes qui le trainaient.  Il y avait des cadeaux à perte de vue. Je l’entendais crier ho ho ho.....

''Je le vois papa, je le vois !''

On est retourné dans l'appartement, je ne me rappelle même plus ce que j'ai eu comme cadeau ce Noël là...

Mais je me rappellerai toujours que le 25 décembre 1987, MOI j'ai vu le Père-Noël.

...

Je me rappelle qu'à une certaine époque on n'avait ni poêle ni frigidaire.  Ce que je me rappelle encore plus, c'est à quel point mon papa m'aimait.

Je me rappelle qu'à une certaine époque on allait se promener en camion pour trouver des meubles mis aux ordures par le voisinage dans l'espoir que mon papa leur donne un nouveau look pour ensuite les revendre.  Je me rappelle combien on avait du plaisir à faire les vidanges.  Jamais je n'ai eu conscience qu'on était peut-être pauvre. 

Ce que je me rappelle encore plus, c'est à quel point mon papa m'aimait.

Je me rappelle que je me levais à 3h00 le matin pour aller installer notre kiosque au Marché aux Puces et que j'étais tellement fatiguée.

Je me rappelle encore plus sa main sur mon visage pour me réveiller.
''Pinotte, il est 3h00 am, tu es certaine que tu veux venir avec papa''

Je me rappelle qu'à une certaine époque mes parents se sont séparés.
Je me rappelle encore plus que mon père ne m'a jamais oublié.

Je me rappelle que mon père n'a jamais visiter mon école, qu'il ne m'a jamais demandé comment allaient mes amourettes de jeunesse, qu'il ne faisait pas mes devoirs avec moi.

Ce que je me rappelle encore plus, c'est à quel point il travaillait fort pour qu’on ne manque de rien.

Je me rappelle qu'un jour à ma fête, il m'a demandé de lui faire un thé et que ça ne me tentait tellement pas. Je n’avais pas le goût de le servir.

Ce que je me rappelle encore plus, c'est quand je suis allé chercher le lait dans le frigo, j'ai trouvé un Nintendo !

Ce qui fait la personne qu'on est aujourd'hui, ce n’est pas ce qu'on se rappelle, mais bien ce qu'on se rappelle encore plus...

Je t'aime papa