vendredi 6 juillet 2012

Cliniquement vôtre !


Junior a mal aux oreilles !

Je ne lui ai pas juste légué ma moustache, je lui aussi fait don de mon système d’ouïe on ne peut plus défectueux.

Il est 17h25, j’ai autant de chances de trouver une clinique ouverte que de m’enfarger dans d’la marde de Pape.

On donne des antidouleurs et Dr. Maman mettra son sarrau d’infirmière pour la nuit, mais pas le même kit que mon chum espère tant ...

On ira à la clinique demain matin.

Après une nuit mouvementée, je brave le boulevard Curé-Labelle en autobus. On contourne  156 cônes oranges, des lumières hors-services, sans compter les déviations de voies.  Bref, ça fait 5 mois qu’ils font des réparations dans mon patelin et avec le trafic que ça cause, je m’attends à rien de moins que du pavé uni en or…

J’arrive à la clinique vers 5h45, une dizaine de personne fait déjà la file, mes nouveaux amis pour les 4 prochaines heures.

On voit par le teint qui vient pour un suivi ou pour une gastro.  Moi je pète le feu ! J’ai pleins de nouvelles connaissances … malades !

Une heure s’écoule. Assise en indien par terre à écouter M’am Chose qui a dont de la misère avec ses rhumatismes j’essaie de compter les lignes dans le stationnement.

Des histoires de migraines, d’ongles incarnés et de caca mou, en voulez-vous ? En v’la !

Yes ! On peut rentrer.

Je me diriges vers le distributeur de temps d’attente et je prends un numéro.

Je me sens comme une athlètes olympique qui doit atteindre le podium parce qu’ils prennent les 20 premières personnes.

Good : #8 !!!

Je m’assoies dans la salle d’attente et j’hésite entre le Magasine Clin d’œil d’avril 1994 ou le Elle Québec de juin 1996 avec ses tendances modes …

Les chaises sont attachées par des ty-rap, les secrétaires assises derrières des vitres de 4 pouces munit d’un mini-trou pour pouvoir parler (qui en passant est jamais à la bonne hauteur). Moi dans mon cas, il est toujours trop haut.  Sur la pointe des pieds, je dois raconter ma vie à tue-tête. Quelle élégance !

À côté de moi, un monsieur d’environ 70 ans est assis et tombe de fatigue.  Je le regarde du coin de l’œil et j’aperçois son carton à numéro dans ses mains.  #6 ! Je ne sais pas s’il dort assez profondément pour que j’échange mon numéro contre le sien...

M’am Chose n’a toujours pas finis avec ses bobos et elle parle de ses hémorroïdes qui l’empêche de dormir parce que ça pique trop.  On dirait que l’envie de prendre la revue qu’elle a dans les mains se pousse de ma tête en courant.

C’est mon cue pour aller fumer.

Le soleil est levé et les ti-moineaux s’époumonent pour me rappeler qu’il est fucking tôt pour marcher de long en large dans un stationnement.

Un quinquagénaire s’approche vers moi :

‘’Est-ce que je peux vous acheter une cigarette s.v.p. ? J’ai oublié les miennes à la maison’’.

La petite voix dans ma tête : Écoute le gros, l’excuse d’oublier ses cigarettes à la maison quand tu sais que tu es partis pendant presque 2 jours à la clinique, je ne la crois pas.  Habites tes testicules un peu et dis à ta femme que tu fumes en cachette !

La petite voix qui sort de ma bouche : Certainement Monsieur, pas besoin de me l’acheter, ça me fait plaisir.

Je me demande dans quel monde on vivrait si on disait systématiquement ce qui nous passe par la tête…

À l’épicerie
Caissière : Est-ce que c’est tout ?
Moi : Non, c’est juste la moitié de ma commande, gardes-moi la en dessous du comptoir le temps que je la finisse.

Au Mcdo
Moi : Je vais prendre 2 trios Macpoulet et 3 joyeux festins.
L’employé du mois : Pour ici ou pour apporter ?
Moi : Pour ici.  Ensuite j’ai l’intention de me faire vomir et de prendre un cheeseburger double…

C’est décidé, il faut vraiment que je continues de réfléchir avant de parler.

Une voix d’ange se fait entendre : ‘’#8, comptoir #2 s.v.p.’’
Bin kin !
Je remets la carte d’assurance maladie de fiston et on me confirme son rendez-vous pour 10h00.  J’ai le temps de retourner à la maison et de revenir avec Junior tantôt.
J’attends à l’arrêt d’autobus, une dame est à côté de moi, mais je ne la vois pas, je suis en train de blackberriser.
Je monte dans l’autobus et je prends le premier banc disponible.
Une vieille dame discute avec le chauffeur :
 ‘’ En tous cas, y avait du monde à clinique à matin.  Je dois y retourner pour 9h30, j’ai tellement de misère avec mes hémorroïdes’’…

mardi 5 juin 2012

Comment expliquer à mon fils

''Maman, c'est n'importe quoi que Guy Turcotte ne soit pas en prison''.
''Je sais mon grand''.
''Mais comment ça se fait qu'il ne va pas en prison ? Il a tué ses enfants''.

Je n’ai  pas de réponse pour lui.
Comment est-ce que je peux expliquer ça à mon fils de 12 ans.  Avant Turcotte, il pensait que la police arrêtait les méchants et protégeait les gentils. 
Qu’est ce que je dois lui dire ? Comment est-ce que je peux le mettre en garde sur des actes qu’il pourrait commettre ?
Marco, fait pas de graffiti sur les murs, la police va t’arrêter …  Mais Guy Turcotte a tué ses enfants de 46 coups de couteaux et il est presque libre.
Marco, ne vole jamais au  dépanneur, tu pourrais aller en prison … Mais Guy Turcotte peut aller faire dodo chez sa maman.
Aujourd’hui je n’ai pas de réponse pour mon fils.  Je n’ai pas de réponse parce que la justice m’a donné un coup de poing dans le ventre et je n’ai pas de souffle pour lui répondre.



jeudi 31 mai 2012

Gang de mongoles !

Il embarque dans le wagon du métro.  Il est grand, ses bras sont trop long, il a l'air perdu. Il a environ 35 ans, mais il a le regard d'un gamin de 12 ans.

Il est vêtu en bleu, tout en bleu.  On dirait Creton dans la P'tite Vie.

Sacoche agrippé à sa taille, le seul coffre à outil que la vie lui a donné.  À part son sourire lumineux, c'est tout ce qu'il traîne avec lui.

Ses lacets son minutieusement attachés. Il fait et refait ses boucles... en boucle. Il ouvre sa sacoche, il ferme sa sacoche ...  Il regarde l'heure à toutes les minutes.

Son nez coule, pas grave, il renifle et quand c'est le déluge, sa manche de manteau est là pour l’aider.

C'est paradoxal, parce qu'il a l'air tellement insécure et solide à la fois. Je l'examine de la tête au pied et mon regard se pose sur son manteau.

Sur son survêtement sali de crème glacée, paraît la plus belle broderie qui soit :

‘’Les Jeux Olympiques Spéciaux 2012’’
‘’Martin - Équipe du Québec’’

Dring !!!  Mon utérus m'appelle !

J'avais envie de m'approcher et de lui demander ;

- Est-ce que quelqu'un va venir te chercher ?
- Es-tu certain que tu dois débarquer à Henri-Bourassa ?
- As-tu des sous s'il t'arrive un imprévu ?

Je me suis surprise à trouver qu'il faisait pitié.  Franchement à ses yeux, c'est nous qui en arrache !

Pour essayer de le comprendre, j'ai fermé les yeux et j'ai tenté de me projeter dans son univers, dans sa tête, dans son corps et d'essayer de marcher 1 mètre dans ses souliers le temps d'une pensée ...

L'Univers selon Martin, Équipe Québec

‘’On m'a dit d'utiliser des mouchoirs quand mon nez coule, moi je trouve que ça va mieux avec mon doigt. Je trouve que les gens dépensent des sous pour rien avec des Kleenex’’.

‘’Hier j’étais dans l’autobus et ma chanson préférée jouait à la radio.  Je chantais vraiment fort.  Les passagers me regardaient, certains riaient.  Je pense que c’est parce qu’ils m’ont trouvé bon.  C’est plate, les personnes chantent  jamais dans les autobus’’.

‘’Le monde est bizarre, ils ont des cellulaires, mais s’en servent jamais pour appeler.  Après ça ils disent que c’est moi qui n’est pas normal’’.

‘’Je ne comprends pas les personnes qui se fâchent, moi j’ai toujours le sourire parce que la vie est belle. Mon sourire fait parti des caractéristiques physique des gens comme moi’’

Prochaine station Henri-Bourassa :

Je suis de retour dans ma réalité, dans mon monde.

Martin se lève, attache ses souliers, regarde l’heure, ferme sa sacoche et prends le large.

C’était plus fort que moi, mon utérus avait assez sonné et j'ai décidé de répondre je me suis levé.  Je l’ai suivi dans l’allée bondée de monde.

Pour ne pas lui faire peur, j’ai marché à ses côtés et je lui ai fais un sourire comme je n’ai jamais fait à personne.

Si j’avais un sourire à faire comme celui-là dans ma vie, c’est à Martin que je devais le faire.

‘’Excuse moi, Martin’’
‘’Oui m’dame’’
‘’Je suis fière que tu représentes ma province aux Jeux Olympiques, Bonne Chance !’’
‘’’Merci m’dame !’’

Brad Pitt pouvais aller se rhabiller, parce qu’aujourd’hui le plus beau c’était Martin.

Je le regardais partir et je continuais à réfléchir.

Étrangement, il souffre d’une malformation, mais ne souffre pas de sa condition.  C’est nous qui sommes mal à l’aise devant eux.

Je me suis assise sur un banc et j’ai commencé à vous écrire cette histoire.  Même si j’avais manqué le métro, le temps était rendu relatif.  Je n’avais plus de rendez-vous à l’agenda et ma principale préoccupation c’était Martin.

Et si c’était nous qui n’étais pas normal ? 

Et si c’était nous la gang de Mongoles ?





samedi 19 mai 2012

J'irai marcher pour toi !

Mon fils,

Le 7 février 2001, tu as rempli mon cœur de fierté, tu as fais tes premiers pas.

Les jambes molles, tu voyais maintenant le monde de haut.  Sans que tu le sache, tu venais de franchir une grande étape de ta vie …  Bravo, tu marches !!!!!

Pour qu’à ton tour, tu sois fière de moi, j’irai marcher pour toi.

J’irai me joindre à des milliers de personnes pour contester la société que M. Charest est en train de façonner pour toi.

J’irai marcher parce que je fais parti de cette maudite classe moyenne.

Je crierai haut et fort pour que tu ne te contente jamais de la moitié de ce que tu as droit.

Tu sais mon grand, l’avenir me fait peur.  J’irai combattre ma peur pour que toi tu puisses vivre en toute quiétude.

J’irai marcher parce que je n’ai pas les moyens de te payer l’université et que tu mérites une éducation à la hauteur de ton potentiel.

J’irai marcher et je te promets que je me battrai pour que tu puisses réaliser ton rêve de devenir travailleur de rue.

On entend partout : Allez ! Marchez ! Faites votre devoir de citoyen ! ‘’
Moi je dis ‘’Allez ! Marcher ! Faites votre devoir de maman ! ‘’


Je dirai à toutes les mamans que d’être une mère c’est plus que donner la vie …

Être une maman, c’est de m’assurer que tu as des fruits dans ton lunch.

Être une maman, c’est de diminuer ton anxiété face à l’examen du ministère de demain.

Être une maman, c’est utiliser mes économies pour t’acheter ton chandail préféré, même si je dois payer mon loyer avec quelques jours de retard parce que j’ai un budget limité.

Je vais user mes semelles pour que tu n’aies jamais à choisir entre ta carrière et tes responsabilités financières.

Dors bien Marc-Olivier, fais des beaux rêves, maman est là …

J’irai marcher pour toi.

dimanche 13 mai 2012

Parce que ma mère

Parce que ma mère m’a bercé quand j’avais mal aux dents
Aujourd’hui je suis capable de d’aimer mon fils

Parce que ma mère m’a toujours respecté
Aujourd’hui je suis capable d’écouter mon fils

Parce que ma mère m’a toujours épaulé
Aujourd’hui je suis capable d’aider

Parce que ma mère m’a entouré d’amour
Aujourd’hui je suis capable de tendresse

Parce que ma mère m’a toujours laissé une deuxième chance
Aujourd’hui je suis capable de compréhension

Parce que ma mère m’a beurré au mercurochrome
Aujourd’hui j’utilise du Polysporin parce que c’était inhumain !

Parce que ma mère a toujours cru en moi
Aujourd’hui je suis capable d’avoir confiance en Junior

Parce que ma mère savait quand je grimaçais dans son dos
Aujourd’hui je sais quand on me fait le coup !

Parce que ma mère est la meilleure jongleuse de responsabilité
Aujourd’hui, j’échappe des œufs, mais je me reprends vite !

Parce que ma mère m’a toujours comprise
Aujourd’hui j’essaie de comprendre l’incompréhensible

Parce que ma mère était une encyclopédie de bons conseils
Aujourd’hui je suis un petit Larousse en devenir

Parce que ma mère m’a toujours encouragé
Aujourd’hui, j’empêche mon fils d’abandonner

Parce que ma mère a été le sirop contre ma toux
Aujourd’hui je suis le manteau contre le froid

Parce que ma mère s’est usé le cœur à m’aimer
Aujourd’hui je prends soin d’un cœur tout neuf

Si un jour je suis capable d’être une parcelle de la maman que tu as été pour moi, mon fils sera comblé.

Merci de m’avoir donné un coffre d’outils rempli d’amour, de compassion, de tendresse, de répartie et de pardon pour que je puisse à mon tour bâtir celui de Marc-Olivier.

Merci maman.

jeudi 3 mai 2012

À coeur battant


Selon le petit Robert :
Cœur : Nom masculin.  Organe musculaire creux, situé dans la poitrine, qui permet la circulation sanguine.

Le tapis de ma vie glisse sous mes pieds.  Sans que personne ne me prévienne, je perds pied et je tombe dans un trou.  Je descends à une vitesse folle.


S’agripper : Verbe pronominal signifiant s’accrocher fermement, avec force. Se cramponner, se retenir …


Celui qui avait toujours été le crampon de mes chutes, tout-à-coup ne pouvait plus se tenir debout. 

Mon père a fait une crise de cœur. 

Comme un vieux soulier de golf usé, mon père venait de glisser.


Peur : Nom féminin. Sentiment de forte inquiétude, d’alarme, en présence ou à la pensée d’un danger, d’une menace.


J’étais menacée.  La vie jouait à la roulette russe avec le cœur de mon papa. 

Il est couché dans un lit d’hôpital, moi je suis debout à ses côtés et je tiens sa main. Semi-conscient, il ouvre les yeux de temps à autre.  La peur garde les miens fermés.


Peine : Nom féminin. Ce qui affecte péniblement l’esprit et le cœur.


J’ai de la peine.  Je ne comprends pas pourquoi la vie avait choisi un grand cœur de lion comme le sien.  J’ai tellement peur.  Je ne me sens pas encore assez grande pour le laisser aller cogner à la vieille porte d’une gourmande éternité.

Je pense à mon fils.  Je pense au grand-papa que tu es pour lui.  Le plus grand Pépé que la terre a eu le privilège de porter.

C’est l’heure de l’opération.  Je ne veux pas te laisser partir.  Tu as peur.  Pour la première fois depuis que je suis toute petite, je vois la terreur dans tes yeux.

''Papa, je te jure que dans quelques mois, on sera à l’aréna et on criera : Let’s go Marco !''

Le personnel médical est en place.  Chacun se présente à nous et explique son rôle durant l’opération.

Un docteur me dit : ''Moi je suis responsable d’arrêter et de repartir le cœur de votre père …''


Confiance : Nom féminin.  Sentiment de sécurité de celui qui se fie à quelqu’un.


''Ne vous inquiétez pas, des opérations comme celle-ci, nous en pratiquons plus de 500 par année.''

La seule chose c’est que moi, j’ai juste un papa.

''L’opération devrait durer entre 4 et 5 heures, vous devriez vous reposer un peu.''


Attente : Nom féminin. Action d’attendre.  Temps pendant lequel on attend.  Espérant ou souhait.

Supplice : Nom masculin.  Torture. Ce qui est pénible à supporter.


Les secondes ne passent pas.  Je marche dans les corridors.  Je sors dehors, il fait noir.  Je fume, je pleure, je pense, j’ai encore peur.

Je ne réalise pas encore tout ce qui arrive.


État de choc : Expression. État qui découle d’une action soudaine, brusque sans prévenir.


Avant-hier, j’étais avec lui.  On rebâtissait notre club d’hockey.

''Canadiens devraient échanger Carey''
''Moi je pense que c’est Halak qui va partir''

Mais mon père ne s’est pas présenter à la partie ce soir.  Pour la première fois de ma vie, il n’était pas devant son but.

La vie l’a amené en tir de barrage.

Je suis de retour dans le salon des tortures et j’attends.  J’attends encore.

Quelques dizaine de milliers de secondes plus tard, un chirurgien entre et désire nous rencontrer.

''Tout est beau ! Tout s’est déroulé parfaitement et son cœur à tenu le coup.''


Tenir le coup : Expression. Supporter, résister, ne pas lâcher, jamais abandonner.

Soulagement : Nom masculin.  Diminution d’une charge, d’une douleur physique ou morale.


Il s’est passé 4 ans depuis cette nuit ou on a failli mourir toi et moi. 

Je ne sais pas pourquoi la vie a décidé de remettre son tapis sous nos pieds.  Mais il y a une chose dont je suis certaine par exemple … même si tout le monde le cri à tord et à travers, le plus fort, c’est vraiment toi papa.


Selon le grand Philippe :
Cœur : Nom masculin.  Organe musculaire creux, situé dans la poitrine qui permet la circulation sanguine. Organe doté d’une force plus grande que nature qui permet aux petites filles comme moi d’être encore plus fières de leur papa.